C’est sans aucun doute l’avion commercial qui a fait le plus parler de lui la semaine dernière durant la cinquantième édition du salon de Farnborough. Pour John Leahy, le charismatique directeur commercial d’Airbus, c’est désormais tout simplement « le champion incontesté du middle-of-the-market », le fameux MoM. L’A321neo, la version la plus capacitaire de la famille de monocouloirs remotorisés de l’avionneur européen est aujourd’hui un véritable succès, portée par l’augmentation naturelle de la taille des avions commerciaux pour répondre à l’augmentation du trafic. Il détient désormais plus de 80% de part de marché face à son concurrent direct chez Boeing, le 737 MAX 9. Et tout porte à croire que cette tendance va se poursuivre, notamment au regard des annonces de ces derniers jours. Car celui qui a véritablement marqué les esprits c’est l’A321neoLR (désormais simplement baptisé A321LR), la version à long rayon d’action qui se positionne sur la toute dernière niche encore dominée par le Boeing 757. La compagnie low-cost Norwegian l’a bien compris, tout comme Air Astana et TAP avant elle. Suivront sans doute Aer Lingus, American Airlines, des compagnies du Golfe… Pour Airbus, ce seul marché est déjà estimé à un potentiel d’un millier d’appareils destinés à répondre à six besoins bien identifiés : les liaisons entre l’Europe et la côte Est des États-Unis bien sûr, mais aussi entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest ou encore entre l’Europe et le Moyen-Orient, l’Inde et l’Europe de l’Est, l’Asie du Sud-est et l’Australie et enfin entre l’Amérique Latine et les États-Unis. Ces liaisons d’une durée moyenne comprise entre 6 et 8 heures pourront ainsi bénéficier des avantages économiques induits par l’utilisation d’un monocouloir par rapport à un gros-porteur, tout en offrant des conditions de transport décentes à leurs passagers voyageant en classe économique, à l’instar de ce que propose aujourd’hui Gulf Air entre Manama et Paris sur ses A320 à rayon d’action étendu. Mais il est évident que Boeing ne laissera pas sans réponse le succès des différentes variantes de l’A321neo dans les prochaines années. Si un avion entièrement nouveau semble pour l’instant bien improbable compte tenu des coûts et du long temps de développement nécessaires (Boeing n’en est qu’à l’étape de la définition du marché), une prochaine évolution de la famille 737 MAX semble en revanche de plus en plus crédible, voire imminente, même si elle ne sera évidemment pas simple. Il n’en reste pas moins qu’avec l’arrivée du « nouveau » 737-7 à Farnborough, on ne peut s’empêcher de repenser au lancement dans l’urgence de la famille 737 MAX il y a tout juste cinq ans pour répondre à l’A320neo. Une précipitation que l’avionneur américain semble finalement encore payer aujourd’hui.