«Une bonne nouvelle.» La décision du Royaume-Uni de lancer, lundi 16 juillet, un nouvel avion de combat pour succéder à l’Eurofighter et au F-35 américain, qui équipent ses forces armées, est bien accueillie par Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation*. «Cette décision prouve que l’aviation de combat est un sujet stratégique pour les pays européens, qu’elle suscite de l’enthousiasme et de la compétition face à la volonté hégémonique des États-Unis», a-t-il développé en marge de la publication des résultats semestriels du groupe ce jeudi.
Le programme britannique, baptisé Tempest, répond au projet d’avion de combat franco-allemand qui doit succéder au Rafale français, construit par Dassault Aviation, et à l’Eurofighter, fabriqué par Airbus Defence, BAE Systems et Leonardo.
L’Eurofighter équipe plusieurs armées européennes dont l’Allemagne. Plusieurs jalons ont été franchis depuis l’impulsion politique donnée par Emmanuel Macron et la chancelière Angela Merkel, en juillet 2017. Dernier en date, la signature, lors du sommet franco-allemand de juin dernier, de deux lettres d’intention commune: la première pour la réalisation du Système de combat aérien du futur (Scaf), qui sera mis en service à horizon 2040 ; la seconde pour la conception d’un char de combat opérationnel à partir de 2035.
Après trois années blanches (2019-2021), les livraisons aux armées françaises doivent reprendre en 2022
Après cette étape importante, les deux grands partenaires du projet, Dassault Aviation, maître d’œuvre du futur avion de combat, Vol en avion de chasse et Airbus Defence attendent l’entrée en vigueur de contrats d’études et de développement de démonstrateurs. Il faut établir une feuille de route en balisant les développements et en passant par une réduction des risques grâce à la simulation et aux démonstrateurs.
Dassault Aviation attend «un engagement dans le temps long» et un budget sanctuarisé. Et «le plus tôt serait le mieux», souligne Éric Trappier. Il relève que le Royaume-Uni a annoncé un investissement de 2 milliards de livres (2,3 milliards d’euros) d’ici à 2025 dans le projet Tempest. Comme si les Britanniques tentaient de prendre de vitesse l’alliance franco-allemande. À terme, ces deux projets pourraient-ils converger? Trop tôt pour le dire. Si le Scaf franco-allemand a vocation à embarquer d’autres pays européens, au préalable, il «faut une locomotive. Et elle est formée de deux pays, la France et l’Allemagne», résume Éric Trappier.
À ce stade, Saab, qui construit le Gripen, le 3e avion de combat européen, n’a pas rendu publiques ses intentions. Le suédois modernise son appareil, tout comme Dassault Aviation, qui, parallèlement au Scaf qui prépare le long terme, améliore le Rafale avec le standard F3R et, demain, le standard F4.
12 Rafale pour le Qatar
Au cours du semestre écoulé, le groupe français a continué à livrer des Rafale dont deux à la France. Dassault Aviation a également signé un nouveau lot de 12 Rafale pour le Qatar. Doha a levé une option prise, en mai 2015, dans le cadre d’un premier contrat portant sur l’achat de 24 avions de combat français. Le Qatar a également pris une nouvelle option pour 36 appareils de plus.
L’activité militaire de Dassault est tirée par les livraisons du Rafale aux clients exports et à l’éventuelle concrétisation de nouveaux contrats à l’international. Le Rafale est notamment en lice en Belgique. Après trois années blanches (2019-2021), les livraisons aux armées françaises doivent reprendre en 2022. Quant aux jets d’affaires Falcon, ils évoluent sur un marché «qui va mieux et repart», souligne Éric Trappier. Les stocks de jets d’occasion ont décru et les ventes d’avions neufs se redressent (18 prises de commandes au 1er semestre). «L’embellie vient du marché américain et du redémarrage de l’Asie. Nous espérons que l’Europe va suivre», développe le PDG du groupe.
Autre source de satisfaction, le lancement, en mars 2018, du 6X, le nouveau Falcon à long rayon d’action et large cabine, qui doit entrer en service en 2022. Son bon démarrage commercial a permis de tirer un trait sur le Falcon 5X, dont le carnet de commandes en a été totalement expurgé. Pour 2018, Dassault prévoit de livrer 12 Rafale et 40 Falcon et de réaliser un chiffre d’affaires proche de celui de 2017 (4,8 milliards d’euros).
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